Pagayeur d'Iroise

vendredi 24 février 2012

De l'importance de l'inutile

Drôle d'entrée en matière me direz vous mais cela reste quelques fois avec mon camarade Laurent un sujet de moquerie. Moquerie bien innocente je le précise.
Je voulais simplement évoqué une partie de notre équipement qui peut devenir aussi importante qu'inutile du moins aux yeux de quelques anciens.
J'ai nommé la Combinaison étanche, la Pagaie, le Couteau

La Combinaison étanche me direz vous. Ben oui. Il m'est arrivé il y a un certain temps, d'entendre plus tôt que d'écouter, les digressions professorales d'un de mes anciens camarades de kayakage qui fort de son expérience nous démontrai l’inutilité d'un tel équipement.
La raison principale invoquée tient dans le fait que le climat de notre Bretagne est loin des frimas écossais ou pire groenlandais. Avec 2°C ce matin là nous ne devions pas en être loin...
Bonnets, paddle mits, polaire... tout l'attirail était de sortie. Et c'est bien au chaud et au sec que j'ai  continué ma route.
J'oubliais ce même ancien possède une combinaison étanche qu'il ne met jamais. Pour quelles raisons ? Je l'ignore. Je pencherais pour une "grosse merdouille" acheté au rabais du temps où il devait rêver du Groenland.

Ah la pagaie. Objet phallique par excellence.
Je navigue depuis quelques temps avec une Navigator de chez B&B que j'ai fais venir des States (prononcez "stayte-tsss" ça fait plus classe). Pales bois et manche carbone qui outre le fait d'être un bel objet est aussi d'un confort, d'une légèreté et d'une efficacité redoutable. Bien que le manche carbone soit vraiment rigide les pales bois apportent toute la souplesse qui m'évite les tendinites dont j'étais coutumier. Que n'ai je écouté les anciens dans ma prime jeunesse-kayakiste. Car il en est pour les pagaies comme pour les combis étanches des règles à connaitre.
La combi vous connaissez déjà: ça sert à rien en Bretagne en hiver. Allez ouste rangez moi ça au placard.
Pour la pagaie c'est un peu différent. D'abord il faut avoir au moins 3 ou 4 ans de kayak pour utiliser une "Fibre". Ré-entendons les digressions professorales d'un ancien, le même en fait.
Anatomiquement parlant les tendons et les muscles doivent d'abord se "faire". Comme si je n'avais jamais fait de sport de ma vie. Mais se faire à quoi? A la couleur, à la matière, au poids,...pas de réponse de celui-qui-sait. Après, mais seulement après la pagaie fibre, j'ai faillis dire le Saint-Graal, vous est permis. Tout est question de préparation physique; et mentale aussi peut être?
Là aussi j'ai transgressé le dictat des anciens y ajoutant même un arrière gout d'hérésie en la décroisant. Heureusement que le choix d'un pagaie ne tient pas à ces critères.

Le couteau, prolongement naturel de la main (sans pagaie)
Pas celui qui vous sert à tartiner votre pâté lors de la pause casse-croute.  Non celui que vous arborez fièrement sur votre gilet. Et bien voici ce qu'un autre ancien, ben oui c'est comme les mauvaises herbes tout les ans il y en a un peu plus, y a été lui aussi de sa contribution.
 Donc un jour mon gilet, moniteur il va s'en dire, était négligemment posé lorsque notre camarade de sortie s'en approchant ne put s'empêcher d'y aller de sa petite remarque en voyant le couteau: "il se la joue commando celui là?" (petite précision celui ci a une lame de 8cm)
Petit problème pour lui. Il ne m'avait point vu. Car à ce moment là j'étais par le plus grand des hasards dans son dos. Petit sursaut, petit bafouillage, tentative de justification foireuse... J'ai du lui expliquer que toutes personnes se trouvant sur une embarcation possédant des cordages doit raisonnablement par mesure de sécurité être équipé d'un couteau. Ne serait ce que pour se débarrasser d'un bout de remorquage emmêlé ou d'une ligne de pêche.
Quelques grognements et tout le monde vaque à ses occupations. Ah oui depuis il est lui aussi devenu un "commando" du kayak. Un couteau que dis je un sabre équipe son gilet.

Je pourrais rajouter à cette liste tout ce que j'ai pu entendre comme recommandations:
- Sur le kayak que l'on n'achète pas avant plusieurs années de pratique, les sorties que l'on doit faire approuver par celui-qui-sait, sur LE geste avec une pagaie groenlandaise, LE magasin à fréquenter et bien sur celui à éviter, LE gilet bas de gamme qu'il faut acheter, etc...

Ah ces anciens que ferions nous sans eux et leur inestimable expérience. Déjà on rirai moins si certains d'entre eux se taisaient. En islandais cela donnerai un  serment d’allégeance un peu comme ceci: Ég að leggja vilja þinn meðal elstu gamall

Bon c'est pas tout mais je viens de voir des petits jeunes arriver. Va falloir que j'aille leur expliquer que...

vendredi 17 février 2012

Ouessant - Terre des miens

Ouessant est après l'Archipel de Molène une de nos plus belles destinations. La traversée du Fromveur n'est pas à la portée des débutants ni la navigation dans l'Archipel d'ailleurs. Les courants y sont complexes, puissants, la météo est parfois d'humeur joueuse. Tout est réuni pour que la sortie soit belle ou problématique. De nouvelles règles de navigation viennent depuis quelques mois compliquer les traversées.
J'ai découvert il y a quelques temps ce joli texte sur ce site. Je vous invite à le visiter car il fourmille de textes intéressants.

Enez Eusa,
Dezhi ur bed nesoc’h d’ar mor-bras eget d’an dud, lusket anezhañ gant barradoù-amzer, a vez tarzhioù-mor Fromveur o tourtal ingal ar c’herreg en-dro dezhi.
Tud anezho moraerien a-vihan a-hed ar c’hantvedoù, kollet er mor pell diouzh o c’herent, enoret dre al lidoù proella.
Tud, nerzh-kalon enno, a ra taolioù-kadarn e-kreiz biojoù risklus an enezenn en ur lakaat o buhez en arvar.
Gwragez oc’h ober war-dro an deñved, o nezañ, o tiekaat, e-keit m’emañ o gwazed war vor.
Enez Eusa zo o glad d’ar merc’hed : « Enez ar merc’hed »
Ur bobl a henvoaz, savet e doujañs Doue, o ren ur vuhez gweet diwar un neudenn a walleurioù…. a beñseoù.
Un tamm douar dizalc’h, lusket gant bannoù ar milinoù-avel….ha treuzet gant nijadennoù al laboused-mor.
Un enezenn a zo bet stummet he maezioù diwar ar gounid-douar …
Un enezenn hoalus o kinnig he aodoù da feulster an avelioù hag ar c’horventennoù mojennel.
Enez Eusa douar va zud !

Ouessant
Barrée d’écueils et battue par les courants du Fromveur, Ouessant s’est toujours construit un monde à elle, rythmé par les tempêtes, plus proche de l’univers de l’Océan que de celui des hommes.
Des hommes nés marins, et des siècles durant, morts en mer, loin des leurs, honorés par le rituel du Proëlla,
Des hommes, bravant au péril de leur vie, les parages de l’île dangereux pour effectuer des actes de bravoure,
Des femmes s’employant à l’élevage des moutons, à la filature et à la culture, tandis que les hommes naviguent,
Des femmes pour qui Ouessant reste leur fief : « L’Ile des Femmes »….
Un peuple de traditions et de piété dont la vie est tissée sur une trame de malheurs …les naufrages,
Une terre en liberté animée par les ailes des moulins…et traversée par les oiseaux …
Une île, dont l’agriculture a façonné les paysages …
Une île attachante offrant ses côtes à la violence des vents et aux tempêtes légendaires… 
OUESSANT, Terre des miens !