Pagayeur d'Iroise

mercredi 22 mai 2013

Pêche au gros

Le titre de l'histoire aurait put être "Anecdote de pêcheur" si cela n'était pas aussi navrant.

Me voici donc hier soir à la pêche du bord avec ma canne. Pas de vent, un léger soleil, des copains juste à coté. La fin d'après midi s'annonçait belle. Tout en plaisantant nous lancions nos leurres dans l'espoir qu'un poisson suicidaire vienne s'y prendre.

Mais au bout d'un moment mon regard fut attiré par une forme que je qualifierais d'humaine se glissant dans l'eau près de la digue. Ma première pensée fut que "Mimi" était de retour. Un doute m’assaillis soudain ses pattes arrières devaient être emmêlées dans un cordage car elle trainait derrière elle une bouée orange. Voilà pourquoi elle a du se reposer sur la digue.

Elle n'est pas farouche car je la vois se diriger vers d'autres pêcheurs qui comme nous taquinent le poisson. Peut être a-t-elle besoin d'aide ? Comme quoi la communion entre l'homme et l'animal n'est pas une légende. A ma grande surprise les insultes fusent. Et l'animal répond. Ma Doué Béniguet que se passe-t-il?

Un tête se lève et je comprends tout.  "Mimi" ne parle pas. Il s'agit d'un plongeur de la caste des "chasseurs sous-marins". Option "y a du crabe" et "j'ai acheté tout le matos pour".
Malgré les invectives il continue son chemin, remontant la digue, se dirigeant vers moi. La moutarde commençant à me monter au nez j'y vais moi aussi de mon couplet. Ayant la voix qui porte quelque peu celui-ci stoppe sa progression. Ouf me dis je il a enfin compris et va changer de direction.

Que nenni ! Il tente même de m'expliquer qu'il a l'intention de continuer car il a décidé de pêcher de ce coté là. Ne voulant pas jouer les brutes épaisses je m'emploie à lui expliquer en termes choisis que la zone où il se trouve est  "Interdite aux plongeurs et aussi aux embarcations". L'Ifremer appréciant moyennement de voir des engins motorisés ou des prédateurs à deux pattes évoluer au milieu de ses cultures marines. Nous sommes là sur un parc à naissain de coquille Saint Jacques et autres bivalves délicieux.

Rien n'y fait. Il insiste pour passer. Je lui promets donc de le grappiner avec mon leurre, un joli snack de 19 grammes. Moment d'hésitation.... Il part vers le large et bifurque aussitôt pour passer devant moi. L'innocent se croyant hors de portée.

Mettant donc mes menaces à exécution je propulse mon leurre juste derrière lui manquant de peu sa bouée. Un petit coup pour ferrer et me voilà avec une belle prise au bout de la ligne. Par chance c'est mon fil qui se coince dans son tuba et non le triple (hameçon). Après quelques secondes d'hésitation et aussi à se démêler il libère mon leurre et se dirige à grands coup de palmes loin de nous.

J'aurais aimé qu'il débarque et essaye de passer son courroux sur ma petite personne. Pourquoi? Mais uniquement pour voir si mon camarade de pêche est aussi adroit que moi avec les cailloux qu'il avait commencé à rassembler.

J'ai donc pêché ce jour là un gros naze largement maillé. Mais promis le prochain je le caillasse en règle comme dans le 9-3.

En un mot messieurs les "chasseurs et plongeurs" de tout poil faites preuve d'un peu de bon sens. Cela vous évitera bien des désagréments. Nous pouvons tous cohabiter en bord de mer. Mais la prochaine fois je ne serais pas aussi compréhensif.