Pagayeur d'Iroise

mercredi 15 août 2012

En dro Eusa

En route pour Ouessant - crédit photo Laurent
 En dro Eusa ou le Tour de l'île d'Ouessant

Jeudi midi étrange attroupement sur la plage de Lanildut. Des voitures s'arrêtent puis repartent après avoir déposé sur le sable un foultitude de kayaks, sacs, pagaies, gilets et bien d'autres choses tout aussi mystérieuses pour le commun des terriens qui nous observent.
Tout cet attirail une fois enfoui au plus profond des flancs ventrus des huit kayaks présent nous nous éloignons du rivage. Notre destination ? Ouessant tout simplement. Il faut dire que les coefficients de marée sont favorable, ils vont varier de 50 à 32. Un petit vent de Nord Est nous accompagnera tout au long de la traversée. Et il n'y a pas que lui qui sera du voyage, ce vent lève un clapot que nous aurons de travers durant près de trois heures.

Ouessant n'est pas loin puisque nous pouvons la voir avec les yeux. Cap sur le Stiff.

Traversée vers Ouessant - crédit photo Laurent
Durant la traversée mon regard est attiré par un aileron qui dodeline parmi les vagues. Bon nous ne sommes pas à la Réunion peu de chance que ce soit un requin tigre, quoique un Pèlerin j'aimerais en voir un de nouveau. Je m'approche et je vois la bouille lunaire d'un....... poisson-lune. Mon premier. Il croise ma route ce laissant porter par le courant. Bon voyage camarade.

Men Korn - crédit photo Laurent
Men Korn est en vue. Baz ledouneg, Ledenez, Youc'h. J'y comprends rien mais j'adore ces noms bretons. Les vagues se lèvent de plus en plus, la marée se renverse et le vent persiste du Nord Est. Ça moutonne, ça écume, ça déferle un peu, beaucoup, passionnément. Nous assurons le spectacle pour les touristes perchés en haut de la falaise. Touristes que nous reverrons le lendemain à Keller et qui nous avoueront s'être une peu inquiété pour nous. La mer leur semblait terriblement agitée vu d'en haut. D'en bas elle était humide.
Encore un effort et nous arriverons à Porz Darlan.

Porz Darlan - crédit photo Laurent

Là, surprise, DAP est installé avec son équipe sur la plage. Il voit arriver avec un semi-étonnement ce groupe dont il connait déjà quelques membres. A priori il sort de sa sieste. Retrouvailles amicales autour d'une bière fraiche (et oui) et de savoureux maquereaux fumés maison (excusez moi du peu) tout droit sorti de mes soutes.
Ouessant - crédit photo Laurent

En route pour le tour d'Ouessant but de notre traversée. Beau temps - Belle mer. Je pars devant tranquille à mon rythme avec l'intention de pêcher à la traine. Chemin faisant, sans poisson, je vire et tourne autour de tous les rochers que je trouve. En vain. Je m'éloigne de plus en plus du groupe que je devine au loin derrière. Les poissons ne sont pas à la fête tant pis rangeons la ligne et attendons que le groupe me rejoigne. A force de patienter et de tourner en rond je les perds de vue. Et à ma grande surprise de premier loin devant je me retrouve dernier loin derrière. Le mystère de la passe à cailloux a encore frappé à Penn ar Roc'h.


La Jument est droit devant et entre elle et moi non pas une histoire d'amour maudite mais le groupe de mes camarades. Va falloir appuyer un peu sur la pagaie pour arriver en même temps qu'eux au phare. Je passe en trombe au dessus de Poullou Doun et Penn ar C'heinigou pour contourner Basse Blanche (en français dans le texte de la carte).

La mer, calme pour une fois, nous permets de faire le tour de cette vigie de la mer que je n'ai jamais vu que de loin. Le gardien nous salue ou alors serait ce son fils spirituel ?

la Jument et le fils du gardien - crédit photo Laurent

Retour sur la baie de Lampaul pour la pause déjeuner. Au milieu des Fourches là encore une fois tout à ma pêche je perds le groupe de vue ou c'est l'inverse ? A savoir. Demi-tour et je les trouve tranquillement installé dans l'herbe se gavant de victuailles à Porz Goret, il y a des noms qui ne s'invente pas, lieu qu'ils ont trouvé et qui est fort accueillant.

La Jument dans un océan de graminées - crédit photo Laurent

Repus et reposé nous traversons la baie en laissant Yourc'h Korz sur notre gauche pour rejoindre Le petit port de Loqueltas.
Creac'h droit devant - crédit photo Laurent

Nividic le vilain phare est tout proche, la mer toujours calme. Allez hop un aller-retour vite fait bien fait pour aller le voir lui aussi. Qu'est ce qu'il est moche. Le plus vilain de tous et le plus récent avec sa construction en béton coffré.

Nividic - crédit photo Laurent
La cote Ouest de Ouessant s'offre à nous. Ne perdons pas de temps il nous faut rejoindre Keller par les contre-courants. La marée ne nous est pas favorable. Un paysage sauvage  nous attends. C'est mon premier tour de l'ile. J'avance en profitant au maximum de ce que je vois et ne vois plus d'ailleurs....le groupe. Mais là il ne feront pas le coup de ce matin avec la passe maudite. Je suis méfiant. Nous passons au pied du sémaphore sous l’œil de quelques touristes.

Au port de Yuzin plusieurs pagayeurs incontinents rejoignent le bord afin de satisfaire une envie naturelle et urgente. Avec deux camarades nous continuons vers Keller.

Nous contournons la pointe pour pénétrer dans ce petit abri. Débarquement et rangement des kayaks le long de la cale afin de ne pas gêner les pêcheurs matinaux.
cale de Porz Keller - crédit photo Laurent
Au bout de quelques minutes cela ressemblent à Naples. Profitons du soleil pour faire sécher nos affaires.
Un magnifique panorama nous attends. L'ile privée de Keller est juste en face assis dans l'herbe nous nous prenons à envier les propriétaires que nous devinons sur leur terrasse.A moins que ce ne soit eux qui nous envient. Pendant ce temps trois irréductibles ont décidés d'en faire le tour. Ce soir nous admirons le paysage et regardons les phares s'allumer un à un. Spectacle magique. Creac'h est le plus beau ce soir.

Creac'h  - crédit photo Laurent
Au petit matin une surprise nous attends. Un brouillard épais nous cache la vue. Brouillard qui ne va pas perturber notre journée car il aura la bonne idée de se lever pour notre départ. C'est ce que nous avons un tour à boucler.
keller au petit matin - crédit photo Laurent
Rembarquement à la cale. La marée est haute le départ n'en sera que plus facile. Direction les grottes du Stiff. Il y a tant à voir. Je retente en vain de trainer. J'abandonne les poissons m'en veulent. Je me rattraperais en rentrant sur le continent.

Le Stiff - crédit photo Laurent
 Des couleurs magnifiques nous attendent tout au fond d'une grotte étroite et profonde qui englouti la majorité du groupe. Frisson garantie.

Grotte du Stiff - crédit photo Laurent



Les passages se font étroit l'eau manque. Le tour de Ouessant se boucle. Men Korn n'est pas loin.

Passage du Ledenez en face de Men Korn
Nous prenons le tapis roulant vers Kéréon après une pause déjeuner tout près du port du Stiff à Poul, non ce n'est pas une base de ball-trap. La marée descendante nous entraine à travers le Fromveur vers le phare. Point de gardien spirituel pour nous accueillir. La prochaine fois peut être.

Phare de Kéréon - crédit photo Laurent
Des statiques se forment. La tentation est grande. Amusons nous un peu avant de rejoindre Bannec et Balanec au Nord de l'archipel de Molène. Ce sera notre prochain arrêt pour une pause "gouter" et histoire d'aller remuer la "pierre branlante".

Molène verra notre dernier bivouac à coté de nos "amis" parisiens si charmant. Que nous ne verrons pas de la nuit. Ont ils désertés leur tente vieillotte pour aller dormir chez leur ami le Maire ? Nous ne le saurons pas.
Demain départ pour Lanildut en ligne directe. La virée se termine mais déjà des projets de retour germent dans nos têtes. Il est difficile de se quitter après un si beau périple. Les conditions météo et de marée était au rendez-vous. Il ne nous aurait pas fallu trainer un jour de plus. Le lendemain comme pour marquer un début de semaine le temps va se gâter. 5/6 Beaufort est prévu.

Allez les copains une prochaine fois nous y retournerons. Je suis sur que Laurent ou un autre aura oublié quelque chose sur une des iles. Un prétexte pour de nouvelles aventures.

Molène - crédit photo Laurent
Archipel de Molène - crédit carte NAVIKAYAK
Ouessant - crédit carte NAVIKAYAK

lundi 6 août 2012

De Phare à Phare

Ce périple réalisé par 3 kayakistes de ma connaissance montre bien que l'aventure peut être aussi bien près de chez nous. Mais laissons à Framboise, une amie de Polo le phoque et Mimi l'Otarie, nous raconter cette randonnée.
DE PHARE A PHARE
Aller-retour Brignogan-Ile Vierge en kayak - 21 juillet 2012

La toute nouvelle section kayak Loisirs-adultes du CNBP, créée il y a un an, vient de réaliser un petit exploit: relier Brignogan à l'île Vierge aller-retour, dans la même journée, soit une soixantaine de kilomètres!!!
crédit photo Framboise
Composée d'adultes débutants ou expérimentés, auxquels se joignent pendant les vacances scolaires quelques ados ou étudiants, et quelques touristes de passage, la jeune section avait pu l'été dernier organiser quelques belles sorties sous l’œil curieux de quelques phoques: Plounéour, Goulven, le Phare, Meneham, Aber Wracʼh, Stagadon... Le but étant d'apporter aux participants les bases techniques et de sécurité dans le maximum de plaisir et de convivialité, tout en faisant connaissance avec la faune et la flore locales.

La météo de ces derniers mois avait limité les balades hors baie, mais permis d'approfondir les techniques de pagayage, de récupération, d'orientation, et la façon de préparer une sortie.
Aussi lorsqu'enfin la météo se mit à l'heure d'été, il fut brutalement décidé, la veille au soir, d'accompagner la rando Phare à Phare organisée par les marcheurs de l'association Randonnée et Patrimoine de Brignogan-plages, ce samedi 21 juillet.

Étudier les cartes marines et les prévisions météo, relever les horaires de marée, calculer les niveaux d'eau (pour ne pas se retrouver au sec au milieu des rochers jusqu'à la prochaine marée...), préparer les kayaks et tout le matériel de sécurité conforme à la division 240 (navigation jusqu'à 6 miles d'un abri), occupa une partie de la soirée. Il fallait prévoir aussi pique-nique, boissons, barres de céréales, ne pas oublier vêtements de rechange et d'arrivée, chapeaux, lunettes et crème solaire... Et aussi organiser le retour en voiture des pagayeurs et des kayaks (parce qu'à ce moment-là on ne pensait pas revenir en kayak! Et parce qu'il faut toujours avoir un plan B en cas de problème.)

En l'absence des indisponibles trop tard prévenus, ce furent deux kayakistes expérimentées qui prirent le départ de bon matin de la plage du Scluz à marée haute, un peu avant la renverse, pour faire escale au Phare où les rejoignit un troisième et les accueillirent les marcheurs autour d'un sympathique stand de café et viennoiseries. Photos “officielles” dans nos jolies tenues gilet-jupette-chapeau lunettes.
Départ du phare à 8h50, tranquille.... Un groupe de trois kayakistes, c'est correct question sécurité. Mais dans un groupe il faut un responsable pour les décisions d'urgence ou de nécessité, s'appuyant quand c'est possible sur les compétences et avis de chacun.
Sur le pont des kayaks: compas, cartes marines, bout de remorquage, et pagaie de secours. A portée de main: corne de brume, miroir, feux à main, coupe-vent, paddle-float, écope ou pompe. Dans le gilet: poche à eau, céréales, couteau.
Téléphone éteint dans un caisson pour les communications à terre. Et VHF en bandoulière qui nous délivre des avis sécurité, sécurité (ouf, rien de grave) et les commentaires des plaisanciers et des pêcheurs. Et qu'on éteint. A rallumer si besoin. La mer étant peu agitée, on se cherche quelques difficultés dans les vagues des passes-à-cailloux. On fait des zigs et des zags, on a le temps, et on prend des photos, on savoure le moment, le paysage, les couleurs du ciel et de la mer. Deux phoques montrent le bout de leur nez avant qu'on ait dépassé Meneham. Longtemps qu'on ne les avait vus !!! Des cormorans et quelques goélands contemplatifs nous regardent passer, du haut des rochers, tandis que des huitriers-pies nous accompagnent de leur vol et de leurs cris.
Là-bas se dresse le phare de l'île Vierge, but de notre voyage.
crédit photo

Quand on ne rase pas trop le littoral (phénomènes de contre-courant) on est tiré par la marée descendante (coeff 80). Défile le château d'eau de Kerlouan, la SNSM, Neiz Vran. Passe un sterne solitaire qui nous salue du bout de l'aile. Et voici l'Ile aux vaches qui marque l'entrée du port de Tressény en Guissény. Pas toujours aussi gentille la mer à cette pointe.... Jolis mouvements d'eau à l'entrée de la baie qui pourraient être déstabilisants. On s'y glisse, on visite et on contemple. Là-bas des marcheurs déambulent sur le sentier littoral.
On met le cap sur le Centre nautique du Kurnig pour arrêt technique... Il est 10h. Le petit vent frais incite à se couvrir. Bien net le phare de la Vierge là-bas avec son petit compagnon: déjà un bon bout de chemin parcouru. Photos.

On passe la pointe ouest de la baie qui laisse Guissény derrière nous, et voici la longue plage du Vougot sur fond de collines et de verdure : le décor a changé.

Il faut se méfier des rochers qui affleurent au bas des plages, trouver un compromis entre naviguer au large dans le courant porteur, et le rase-cailloux, ses pièges rocheux, ses remous et ses contre-courants, qui permet de mieux admirer le littoral.

Défilent de longues plages séparées par des pointes rocheuses, puis on approche du charmant petit port du Koréjou en Plougerneau, protégé par une barre de roches percée encore, à notre arrivée, d'un passage vers la haute mer et qui laisse voir la pointe du phare de la Vierge qui paraît tout près. Superbe.

Il est midi, les lumières et les couleurs se font plus intenses. On choisit un atterrissage sur une plage de sable au pied du Centre nautique. Le petit vent du nord qui nous a accompagné toute la matinée nous incite à nous abriter près de la jetée, bien installés sur des rochers accueillants et ensoleillés.

On discute avec un kayakiste qui prend la direction de lʼÎle de Sieck sur un kayak “fait main”. Le beau temps donne des démangeaisons dans les pagaies! Pique-nique. Bien reconstituant. Qui se termine par thé et plaques de chocolat. Les gourmands !
crédit photo

On se repose, on se prélasse, et l'ordre de départ doit être donné avec un rien d'autorité pour qu'enfin les kayaks soient mis sur les chariots et rejoignent, cahincaha, sur une plage toute bosselée, la mer qui s'est retirée pendant la pause. Il est presque 13h30 et la renverse est à 14h15.

Les couleurs sont intenses et magnifiques. Verts et bleus sur le brun des roches. Les passes sont à sec et il nous faut contourner la barre. Des pêcheurs perchés nous demandent de l'aide pour récupérer un flotteur hors de leur portée. Nous longeons des rochers dressés en falaise et couronnés d'une croix : l'ermitage de la pointe St Michel.

Voici devant nous le phare de l'Ile Vierge sur un vaste socle de roche, dans un écrin de beauté...

Mais passée la dernière pointe ça secoue. Une belle houle serrée venue du large s'écrase sur les rochers qu'il vaut mieux ne pas trop frôler. Le tohu-bohu de la renverse... Faut mériter la dernière étape.
C'est là qu'une kayakiste demande de l'aide: une crampe ! Les autres s'approchent de chaque côté de son kayak qu'ils saisissent et stabilisent. Pour que le radeau ainsi formé ne soit pas déporté sur les rochers où les vagues s'écrasent et rebondissent, un bout fixé sur une ligne de vie d'un des kayaks et muni d'un large mousqueton est rapidement accroché à une bouée qui se trouve là. Les pagaies sont sécurisées. La patiente peut se réhydrater, déjuper, sortir ses jambes et se faire gentiment masser le pied et le mollet par sa voisine. Tout ça au milieu de la houle, en toute sécurité et dans une parfaite sérénité. On prend le temps qu'il faut et on repart.

Au pied de l'Ile on cherche un accès à une petite plage, au bas d'un escalier qui monte vers le phare. Quelques kayaks de pêche s'y sont déjà posés.

On calcule la montée de l'eau pendant le temps prévu pour la visite, et on hisse les kayaks hors de portée. On est arrivés !!! Et il est 14h45.

On se tord le cou pour admirer le phare le plus haut d'Europe avec ses 82m, et le plus haut du monde en pierre de taille. Majestueux. Et qu'on aimerait visiter... D'une portée de 52 km. Escorté d'un phare plus ancien de 31m.

Tandis que deux partent faire le tour de l'île sous les protestations véhémentes des goélands, la troisième, qui connaît, va se baigner en contemplant le paysage et en surveillant les kayaks du coin de l’œil.

Entre Lilia et le phare c'est un champ de cailloux, un chaos de roches.
Les premiers marcheurs sont encore loin. On a pas envie de mettre fin à la balade ni de les attendre. Et si on allait plus loin? Mais plus loin, cʼest lʼAber Wracʼh et on connaît déjà.
crédit photo

Vers l'est l'antenne de Kerlouan nous fait de l’œil, épaulée par le château d'eau. Et si on repartait? On se fera récupérer en route si la fatigue se fait sentir. On téléphone à notre chauffeur (vive les portables !).

Et on repart.... Pour profiter du courant de la montante et aller au plus court on met le cap sur l'Île aux vaches dont on aperçoit la pointe.
Le mer est plus agitée que le matin, la lumière a changé et on ne se lasse pas du paysage, du littoral vu de plus loin et des rochers du large vus de plus près... Il nous faut surveiller la houle qui vient du large, poussée par la marée, qui casse sur un rocher et déferle avec violence sur le suivant. Mieux vaut ne pas être entre les deux !
Dans cette zone de navigation pleine de roches, tout change très vite, une vague se lève soudain sur une roche, qui ne le faisait pas avant. Question de niveau d'eau et, avec un coefficient de marée de 80, le niveau change vite.

Sympa de naviguer au large : un trio de fous de Bassan, le plus grand oiseau de mer d'Europe, nous survole de près en formation , virant sur l'aile. On peut voir leur majestueuse envergure, la pointe noire de leurs ailes, leur long bec, leurs yeux soulignés de noir et le jaune marquant leur tête. Magnifique!
Les Fous de Bassan - crédit photo Laurent

On s'offre une pause en radeau en pleine mer: eau, fruits secs, céréales, chocolat. Faut bien alimenter les moteurs !!!
Sur une rando de cette longueur, il faut être attentif au comportement de chacun : le corps qui se raidit, le visage qui se creuse, l'attention qui se relâche, un net ralentissement, appellent à la pause, voire au remorquage. Il faut savoir réagir avant la défaillance.

Plus tard on décide de se rapprocher de la plage du Vougot pour capter le réseau et prévenir les marcheurs que l'on a pris sur l'eau le chemin du retour et qu'ils ne s'inquiètent pas de ne pas nous voir à Lilia. On prévient aussi notre chauffeur de ne pas se déranger.

On passe la première pointe de la baie de Guissény. Au plus large de la baie la traversée paraît longue, aussi on se pose sur la dernière plage où s'insère l’Ile aux vaches encore presqu’île à mi-marée. Il est 17h3O. Message au CNBP pour dire que tout va bien, qu'on sera rentré dans deux heures.

On s'allonge dans la tiédeur des rochers, on se baigne, on grignote. Pas belle la vie ? Le phare de l'île Vierge paraît déjà loin. Belle équipée en une étape !

Et c'est reparti dans la lumière douce de fin d'après-midi. La mer a monté et rendu l'île à la mer, nous évitant de la contourner. Nous voici en territoire connu : Nez-Vran en Kerlouan. Jusquʼà Brignogan, c'est truffé de rochers et de passes à cailloux. Restons vigilants...
On met le cap sur le phare, “notre” phare et sa jolie silhouette familière qui semble nous encourager de loin.

On laisse dernière nous le château d'eau, puis Meneham, adaptant le rythme et faisant des pauses en mer en fonction de l'état des troupes...
Puis voici le phare et ses barres rocheuses dont on connaît bien les passes... et les pièges. Les vagues se brisent en bouquets d'écume sur les rochers nombreux.
On est passé ! Voici la grande silhouette des Chardons bleus dont les abords ne sont pas toujours faciles non plus.
Enfin le sémaphore. Évidemment à cet endroit on se fait toujours secouer par des déferlantes-surprises. Pas d'exception à la règle: dans une passe des vagues arrivent soudain de tous les côtés, couvrant et découvrant des rochers sous nos coques. Bon, c'était pas si méchant puisqu'on est tous à l'endroit.

Enfin le calme de la baie. Là aussi il y a encore du monde sur les plages malgré l'heure qui se fait tardive: 19h30.

La lumière est si belle, les couleurs si profondes et la rando si exceptionnelle, qu'on a du mal à se décider à sortir de nos kayaks...

Mais c'est sûr : l'an prochain on récidive, et on fera des groupes de niveau avec des parcours de longueurs différentes, adaptés à l'endurance de chacun.

L'essentiel étant... de participer !
Avis aux amateurs....
section kayak du Centre nautique de Brignogan-plages


De Phare à Phare - crédit carte Navikayak