Pagayeur d'Iroise

dimanche 11 septembre 2011

Raz de Sein

Une petite rengaine trotte dans ma tête
Qui voit Ouessant voit son sang,
Qui voit Molène, voit sa peine,
Qui voit Sein, voit sa fin,
Qui voit Groix, voit sa croix.

Mon passage du Raz de Sein se fit lors de ma première année de kayak et c’est non sans une certaine audace que je me mis à l’eau à la Baie des Trépassés au petit matin. Je fus suivi très rapidement par mes camarades.
Il a fallu déjà passer la barre et les rouleaux qui viennent mourir sur la plage. Je me suis rappelé au moment de partir la remarque d’un kayakiste habitué du Raz.

" celui qui ne passe pas la barre n’a rien à y faire"

Cette première formalité effectué c’est facile. Tout droit, laisser sur la gauche le Rocher du Lion, arrivé à la pointe prendre à gauche…. Au loin sur notre droite Tévennec, le phare maudit du Raz de Sein.

 

Phare de la Vieille - crédit photo Fou de Kayak

Maintenant nous y voilà. Nous passons la Pointe sous l’œil sûrement attentif des vigies du sémaphore. Après avoir contourné le caillou de Gorle Greiz nous nous approchons du Phare de la Vieille. Le clapot nous chahute un peu. Son état d’abandon nous laisse un souvenir amer. Les hommes sont bien ingrats au point de se désintéresser d’elle. Le portique est tombé lors d’une tempête et jamais remplacé. A quoi bon, il n’y a plus personne.
Nous continuons ver la Plate. Encore quelques coups de pagaie et nous serons à Sein……


Raz de Sein - crédit photo Fou de Kayak

 …..Le raz de Sein justement c’est ce passage maritime situé entre l'île de Sein et la pointe du Raz. C’est une zone de navigation dangereuse en raison des courants très violents dus à la marée. Lors des vives-eaux il peut être de 6 nœuds. Le courant est omniprésent et même par vent modéré un fort clapot se lève.
Le Raz de Sein est délimité, côté terre par le phare de la Vieille et la tourelle de la Plate, et côté large par les hauts-fonds qui bordent l'île de Sein et le phare d'Ar-Men.

Son passage ne se fait pas à la légère il faut à la fois de bonnes conditions météo et partir à l’heure. Le meilleur moment pour cela est l’étale de basse mer. Après avoir salué la Vieille un long bac vous emmènera vers l’île de Sein laissant Tévénnec, le phare maudit, à votre droite. Vers lequel le début de marée montante voudra vous entraîner. Une longue houle vous accompagnera tout le long de la route. Mais faites très attention vent contre marée est un mélange redoutable dans ces parages semés d’écueils. La situation peut devenir très difficile et ce très rapidement.
Il est tentant d’aller jouer dans les cailloux près de la pointe mais cela est réservé à des kayakistes vraiment compétents et cela n’est pas donné à tout le monde. Le Raz de Sein et sa Pointe font partie des ces endroits qui inspirent le respect. De nombreux marins chevronnés ou non y ont laissé leur vie. Il n'est pas rare de croiser les Ligneurs, ces pêcheurs de l'extrême qui traquent le Roi des poissons... le Bar.
 Le Raz de Sein est ainsi…. 


 Afin de mieux vous faire ressentir ce qui peut arriver dans ces parages je vais vous raconter une petite histoire.
Cette année par deux fois il nous a refusé le passage. Les mises à l’eau à la Baie des Trépassés se révélant impossible, un départ de plage avec près de trois mètres de déferlantes. Fin août la mer dont l’écume blanche s'étirai de Trouz Yar à la Plate et bien au de là nous a fait changer d’avis. Vent et Houle étaient contre nous. Nous avons du renoncer. La mer n’a pas voulu.

Raz de Sein - crédit photo Jean-Luc
Jeudi dernier il en était de même avec une épaisse brume en prime. Nous avions rendez vous avec un groupe parti de Porz Peron. Ne les voyant pas et pour cause, d’énormes déferlantes partaient à l’assaut de la plage de la baie des Trépassés empêchant tout débarquement. Nous sommes partis à leur recherche. Le but était de remonter vers la Pointe du Van bien à l’abri dans mon véhicule, la VHF à porté de main, en suivant au mieux la route côtière.

Pointe du Van - crédit photo Fou de kayak
Au bout de quelques centaines de mètres j’ai bifurqué vers le Vorlen, premier abri connu. A peine arrivé sur le minuscule parking de ce non moins minuscule abri qu’utilise les pêcheurs du coin j’ai aperçu avec soulagement les kayaks de nos camarades amarrés aux lignes d’amarrage des plates. Fatigués, transis de froid pour certain c’est avec soulagement qu’ils nous ont vu arrivé.

Cale du Vorlen - crédit photo Fou de Kayak
Deux marins pêcheurs observaient la scène du haut de la falaise se demandant ce que pouvait bien faire cette bande de « plaisantins » sur l’eau dans un endroit pareil. Allaient ils contacter le Cross pour signaler des kayakistes en difficulté ? Non car une petite voix leur a expliqué que si tel était le cas ils ne seraient pas venu se mettre à l’abri. Ils sont donc repartis sans nous proposer leur aide. Solidarité des gens de mer où est tu passée?

Après une heure d’effort kayaks et matériel étaient hissés en haut de la cale, en sécurité. Fin de l’aventure pour ce petit groupe parti de Porz Peron depuis près de cinq heures.

Le Raz de Sein ne plaisante pas…deux échecs cette année mais nous reviendrons

JLuc
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